Socio esthéticienne, plus qu’une passion, une vocation ! Julie témoigne…

Un métier, un état d’esprit, une conviction : le bien-être, un droit pour tous !

  1. Comment définir votre profession ? Une socio-esthéticienne pratique auprès d’un public fragilisé (pathologie, âge, situation de handicap…), elle travaille l’image corporelle et de soi par le biais des soins esthétiques. Il s’agit surtout de soins visage et corps individuels de bien-être et confort. Nous mettons aussi parfois en place des ateliers en groupes pour favoriser le lien social, délier la parole, notamment dans les maisons de retraite, centres d’oncologie, instituts médico éducatifs (IME) ou encore services de psychiatrie.
  2. Quel a été votre parcours pour arriver dans cette voie ? Depuis quand exercez-vous ? Esthéticienne de formation (CAP, BP, BTS), j’ai exercé 6 ans au sein d’instituts, parfumeries et spas de renom. Les rencontres de la vie, mais aussi une lassitude de l’aspect vente et parfois superficiel de l’esthétique m’ont amenées vers une orientation plus médicale ; ma volonté : prodiguer des soins à ceux qui n’osent pas ou n’y ont pas accès… Les études esthétiques ne forment pas à cela : être au contact de personnes malades ou « déformées par la vie », des corps pourtant beaux ! J’ai ainsi repris les études : une année de formation de socio-esthétique à Pau (modules oncologie, soins palliatifs, gériatrie, maternité…) validée en 2012. J’ai réalisé mon stage au sein du service d’onco-hématologie du Chu de Limoges, public vers lequel je souhaitais m’orienter. Après un bref essai dans un centre de soins, je me suis installée comme auto-entrepreneuse. En effet, le métier est encore peu reconnu et il est difficile d’obtenir une titularisation salariée.
  3. Comment se déroule une « journée type » ? Elle n’existe pas… chaque jour et intervention est différente. J’exerce majoritairement pour une antenne de l’hôpital de Tarbes, à Vic en Bigorre. Elle accueille 450 patients de gériatrie, psychiatrie, soins palliatifs ainsi que des patients Alzheimer. Je mets en place des protocoles sur mesure adaptés à la fois aux atteintes des patients et à leurs envies de l’instant, il s’agit d’un public qui a des difficultés à rester en place le temps d’un soin complet, parfois du mal à faire confiance… L’objectif est de leur faire passer un bon moment, de lâcher prise et sortir du cadre médical. Je réalise beaucoup de soins des mains, partie du corps facile à approcher, mais aussi des soins du visage, des pieds, finalement assez peu de maquillage… J’arrive le matin dans un service, commence par un point avec les équipes médicales (transmission) puis propose mes soins aux patients, ma « valise du bien-être » en mains. Un projet « d’institut » hors des services est à l’étude, il existe déjà un salon de coiffure dans l’établissement. L’idée est de créer un espace bien-être où la personne vient faire un soin, cela facilite la communication avec les proches, favorise le lien, simplifie finalement la vie des aidants. Il existe déjà des après-midi à thème coiffure/esthétique (dans l’enceinte du salon de coiffure) et les résultats sont époustouflants : les patients évoluent, changent de posture, sourient…
  4. Comment garder le sourire, prendre du recul face à des situations parfois difficiles ? C’est la force, l’intérêt de l’équipe pluridisciplinaire, nous échangeons, pouvons aussi avoir les avis éclairés du psychologue. Il est important de savoir couper avec la vie personnelle.
  5. Pouvez-vous nous faire partager une belle expérience qui vous a marqué, dans le cadre de votre exercice ? Oui, tout à fait ! J’ai en tête une patiente Alzheimer, à qui je redonne lors de chacune de mes visites le contexte de ma venue, mon identité, fonction… Une fois je lui ai demandé « Vous vous souvenez de moi ? » à quoi elle a rétorqué « Je ne me souviens plus de ton prénom, mais je sais que c’est toi qui fais la peau douce ! » C’est pour ce genre de moments que je fais mon métier !
  6. Vos conseils d’experte ? Celles qui ont envie de se lancer dans la socio esthétique doivent bien réfléchir leur choix, car ce n’est pas toujours facile, il faut être préparé… mais c’est un réel plaisir de travailler avec ces patients (approche toute autre qu’avec des clients).
  7. Quelles sont vos références, suivez-vous une formation continue ? Je me tiens au fait de l’actualité du secteur, je fais des formations de mon propre chef et surtout participe à des forums, échanges entre praticiennes. Il existe des fédérations aussi, l’Arsena pour l’Aquitaine, un groupe Facebook… Ma formatrice, Marie Anne d’ Esthétique et Santé, Formation-Accompagnement reste une référence pour moi et oeuvre beaucoup pour la profession, c’est d’ailleurs elle qui a créé la formation de socio-esthétique, enseignée notamment dans l’ Ecole Joffre Esthetique, Coiffure à Pau et la Paris Beauty Academy de Nanterre, les premières certifiées par l’Etat (en 2016) après le CODES (Socio-esthetique Codes).
Julie est disponible pour toute question ou précision par mail : juliegarderes@gmail.com